Epupa Falls
On s’octroye une petite grasse matinée jusqu’à 6 h 30. Waouh ! Ce matin, nous partons à la découverte d’un village Himba que l’on espère traditionnel. On a rendez vous à 8 h mais un autre groupe doit se joindre à nous et ils arrivent par avion. On ne saisit pas tout mais nous partons que tous les deux finalement une heure plus tard. Nous avons deux guides : une personne Himba et le village que nous visitons sont ses cousins et une autre personne qui a créé un projet d’école pour les Himbas.
Nous arrivons au village et le guide va d’abord demander la permission à la première femme du chef pour que nous rentrions. On observe la vie du village : chèvres, poules, chiens… des petites huttes sont placées autour d’un grand rond cerclé par du bois. Il y a beaucoup d’enfants.
Nous avons la permission et nous nous rendons vers une première femme avec un petit bébé. Nous la saluons en Himba. Le guide nous explique les différentes significations des cheveux, des colliers. La femme prépare aussi de l’ocre pour s’enduir le corps. Elle réduit en poudre le morceau à l’aide d’une pierre puis se frotte le corps. Il y a différentes couleurs pour le corps et les cheveux. Par contre, on ne trouve de l’ocre que dans 3 endroits dans la région dont en Angola et ils font donc du troc pour en avoir. Elles en mettent tous les matins pour être belles. C’est purement esthétique. On n’est mal à l’aise car le guide montre à l’aide d’un bâton les différents vêtements et bijoux comme si cette femme était une statue. Dans la communauté, le chef a le droit d’avoir plusieurs femmes et on n’est pas sûr d’avoir compris à 100 % mais on peut échanger aussi temporairement sa femme… Il nous dit que maintenant ça ne se fait plus trop à cause du VIH. La femme nous demande combien nous avons d’enfants et semble très surprise par notre réponse voire triste pour nous. Elle nous dit qu’elle en veut 10 : 5 garçons et 5 filles. Son bébé est souriant et très calme. Il est très attiré par nous comme les autres enfants. Le guide nous dit de prendre des photos et ils posent en famille. On est gêné par la manière mais on sent que ça leur fait plaisir.
On continue vers une autre hutte avec une autre femme qui elle a 3 enfants un peu plus grands. Il continue les explications sur leur mode de vie notamment sur la scolarisation des enfants. En général, ils envoient l’aîné à l’école et les autres aident au village. Ils se servent des chèvres pour le lait, faire du beurre et également pour la viande et la peau. Les vaches sont aussi très importantes pour eux. Ils se servent aussi de matières comme les pneus et des débris de voiture. Ce village n’aime pas les poules car elles mangent tout. Ils n’utilisent pas les oeufs ou ne les mangent. Certains villages le font.
Nous continuons de poser des questions et d’en apprendre davantage sur leur mode de vie. Une femme prépare le déjeuner pour les enfants : du porridge de maïs. Ils cultivent aussi pendant la saison des pluies différents légumes notamment la citrouille. Ils ont différents emplacements pour faire du feu. Un seul homme est présent au camp et ce n’est pas le chef qui est en haut de la montagne avec ses plus grands enfants.
Nous rentrons maintenant dans la maison principale avec la première femme du chef. Pleins de bijoux et de vêtements sont là. Elle nous montre aussi comment elles parfument leur vêtement avec les feuilles d’un arbre qui sent divinement bon. Elle m’enduit aussi le bras d’ocre. Il y a un feu à l’intérieur mais seulement pour éloigner les moustiques et autres bêtes, jamais pour cuisiner. Elle nous montre la tenue de mariage, leur lit, le coussin pour l’homme et le coussin pour la femme. Cela a l’air très normé. A l’âge de 6-7 ans, on ôte 4 dents aux enfants ce qui provoque une douleur immense. Il faut ensuite durant 7 jours soigner la plaie. Là encore, elle nous demande combien d’enfants nous avons. Quand on lui répond, elle nous demande nos âges presque inquiète. On a bien compris l’importance des enfants chez les Himbas !
On finit par un petit marché artisanal où l’on peut acheter des bijoux. Nous en choisissons deux à 90 NAD et les femmes nous remercient très chaleureusement. On leur donne 100 NAD soit l’équivalent de 6 euros pour les deux. Ça nous semble une somme si ridicule… mais elles sont enchantées par nos achats et le maigre pourboire.
On discute ensuite un long moment avec l’autre guide qui s’occupe du projet d’école. Il nous explique que le peuple Himba est clairement menacé d’extinction et que d’ici 20 ans, ils ne seront plus là. En effet, les enfants qui nous voient vivre dans l’opulence avec tant de choses veulent la même vie. L’influence de la mondialisation et modernisation est de plus en plus présente. Il souhaite que les enfants aillent à l’école pour permettre cette double culture et aussi de faire accéder aux parents des soins comme l’hôpital ou les médicaments en leur apprenant l’anglais pour être autonome grâce à l’alphabétisation. Libres aux enfants ensuite de choisir s’ils veulent vivre de manière traditionnelle par la suite. L’école propose un pensionnat la semaine. Ils sont nourris et logés grâce aux dons. Il nous explique que les Himbas dépendent aussi du tourisme. Ils leur ont d’ailleurs apporté à manger et à boire. On demande aussi ce que veulent les enfants sur la route et ils nous dit qu’ils veulent des bonbons et de l’eau ou à manger. Comme indiqué dans le Lonely Planet, il ne faut pas leur donner de bonbons car ils ne verront jamais bien souvent de dentistes de leur vie. On parle également politique et il nous dit qu’ils ont un problème avec la Chine qui achète énormément de choses en Namibie notamment des mines donc de la richesse. Ils n’emploient pas beaucoup de Namibiens mais importe tout de chez eux ce qui nuit grandement au développement du pays. C’est toujours intéressant d’avoir un point de vue de natifs.
Nous rentrons manger au bord de la rivière et en face nous voyons pleins de babouins. Le soleil cogne mais nous avons les palmiers pour nous abriter. Il y a aussi des agamas multicolores sur les arbres. Cet après midi, nous partons faire un trail aux crocodiles en espérant en voir de près. On retrouve un des guides de ce matin. Cette fois ci, il sent l’alcool à plein nez… Nous marchons quelques pas et nous voyons un premier crocodile en dehors de l’eau. Un autre se tient dans l’eau près du premier. Ils sont immobiles. Celui dans l’eau se distingue à peine, seuls les deux yeux sortent de l’eau. Le guide nous raconte quelques anecdotes notamment que les gens avaient l’habitude de venir chercher de l’eau dans la rivière et de nombreux accidents sont survenus. Il y a donc maintenant une pompe solaire qui alimente le village en eau pour leur sécurité.
On traverse le village et on voit pleins de petites baraques de fortune : quelques planches de tôle. Sur le sol, pleins de petits déchets notamment des morceaux de verre. On longe la rivière pour s’enfoncer un peu plus dans la nature. Le chemin est scénique comme ils aiment le dire ici. On n’aperçoit plus de crocodiles mais beaucoup de vervets, une espèce de singe. On croise aussi des ânes et une variété d’oiseau. Un peu plus loin, on voit un tout petit crocodile qui s’enfonce dans l’eau à notre arrivée, très furtif. Un autre est visible au loin dans l’eau. Il est difficile de voir leur taille. Des petits poissons peuplent la rivière. En face de nous, c’est l’Angola et on ne voit aucune structure type camping de l’autre côté du rivage. Le guide nous explique que tout est très sec et que le niveau de l’eau est très bas. Normalement, l’eau monte et coule de partout ce qui leur permet de cultiver des choses. On se demande bien ce qu’ils font lorsqu’il pleut et qu’il y a moins d’activité touristique. On sent bien que la vie doit être dure.
Après deux bonnes heures de balade, nous rentrons au camping. On traverse à nouveau le village où l’on voit un petit rassemblement festif. Il y a aussi un bar apparemment. On trouve ça dommage de ne pas pouvoir participer à la vie namibienne. Une fois rentrés au camping, on n’en ressort pas et on mange au bord de la rivière entre touristes. Ici, on ne trouve pas vraiment de petits magasins type boulangerie, bar, restaurant ou épicerie où les touristes pourraient se mêler aux locaux et observer leurs habitudes. La seule alternative est le restaurant du lodge où l’on nous sert de la nourriture occidentale. Nous n’aurons mangé aucune spécialité à part de la viande springbok. Niveau « culturel », ce voyage est assez pauvre car nous n’avons pas pu parler à beaucoup de Namibiens à notre grand regret. Le Nord nous aura montré une autre facette de la Namibie beaucoup plus rurale qui nous a permis de nous rendre compte encore plus des inégalités et de la précarité.